Marie-Noëlle Gonthier vit et travaille dans la Drôme. Elle se forme à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon où elle apprend d’abord la gravure, puis se consacre ensuite au collage. De 1996 à 1998, elle est en résidence à la Casa Velazquez, à Madrid.
Aujourd’hui le collage laisse place à des « matières picturales » de jus colorés et de pastel. Avec la série des Livres d’Heures, des figures naissent des fonds aux couleurs raffinées évoquant les fresques de Giotto. Un peu plus tard, des lignes d’horizon apparaissent, partageant l’espace entre collines ou étendues d’eau et le ciel immense; ce seront les paysages des Terres d’ombre, Matins du monde et Matinaux.
Il y aura aussi les frottages d’arbre, relevés d’écorce sur lavis, qui formeront la série des Elégies. Avec les Elémentaux réalisés en 2010, l’artiste préfère souvent le tracé à l’empreinte pour mieux affirmer une présence.
Voir le blog de Marie-Noëlle Gonthier:
www.marienoellegonthier.wordpress.com
Crédits photo A.F. Hamon
2019 Librairie-galerie L'Arbre vagabond, Le Chambon sur Lignon;
L'Orangerie, Montéléger; Galerie Mirabilia, Lagorce: oeuvres multiples
2017 La Voie du paysage, Galerie Mirabilia, Lagorce
2016 Librairie Le chant de la terre, Pont Saint Esprit
2015 La Grande galerie, Savasse
2014 Galerie Le Tournant, Lac d'Aiguebelette; Espace Arts plastiques, Mairie de Saint-
Vallier (26240)
2013 Hotel de Clérieu, Romans; La Maison de Brian, Simiane la Rotonde; Galerie
Mirabilia; Galerie Artenostrum, Dieulefit
2012 Galerie Mirabilia, Lagorce
2011 Galerie Artenostrum, Dieulefit
2010 Maison de la tour, Valaurie ; Palais Delphinal, Saint Donnat, à l’occasion du
festival Bach ;Espace Aragon, Villard-Bonnot ;
La galerie du Temple, Saint Germain de Calberte, Lozère
2009 Galerie Artenostrum, Dieulefit
2009 Chapelle Chabrillan, Montélimar
2008 Fondation Carzou, Manosque
2007 Château de Vogüé, Ardèche ; Eglise Saint-Paul, Darmstadt, Allemagne ;
Galerie Mirabilia, Lagorce, Ardèche ; L’Auberge des arts, Givors
2006 Galerie Françoise Souchaud, Lyon ; Galerie Artenostrum, Dieulefit
2005 Centre d’art contemporain, Mourenx
2004 Galerie Taoa, Crest
2003 Galerie du Larith, Chambéry ; Galerie l’œil écoute, Lyon
2001 Galerie Véronique Smagghe, Paris ; Caveau de Montine, Grignan ;
Fabrique du Pont d’Aleyrac, Saint-Pierreville, Ardèche
2000 Médiathèque, Montélimar ; Maison de la tour, Valaurie
1999 Galerie Véronique Smagghe, Paris ; Théâtre de Privas
1998 Médiathèque, Montélimar ; Casa de Velazquez, Madrid
1997 Musée Pierre André Benoit, Alès ; Saga, Paris ; Casa de Velazquez, Madrid
Marie-Noelle Gonthier, qui apprit d’abord la gravure, s’est ensuite adonnée essentiellement au collage. Mais c’est pourtant à la frontière entre celui-ci et ce qu’on nomme la peinture que s’ouvre sa recherche. Dans un grand trouble de la sensation et de la pensée.
Il est remarquable que la plupart de ses collages ressemblent de manière confondante à des peintures, somptueusement, méticuleusement ouvragées. Comme une inversion du trompe-l’œil (ou du trompe-l’esprit), un matériau venu du « réel », une bribe du quotidien, imite la peinture et participe de son pouvoir d’illusion. Le collage est alors comme un détour, rendu nécessaire par notre fatigue de modernes devant la répétition des images, pour redécouvrir l’être étonnant qu’est un tableau.
Une étape importante fut la venue de ces suites d’œuvres en carrés de petit format que Marie-Noelle Gonthier a nommées Livres d’heures. Il y apparaissait à la fois et dans le même mouvement des figures et un espace. Des figures à l’individualité naissante qui prenaient soin de se tenir en deçà de la représentation et du reconnaissable, pour rester en puissance d’elles-mêmes. Un espace qui n’était que l’aube d’une profondeur tout en se souvenant du mur : un espace signifié, proche en cela comme en la sensualité de son grain des fresques de l’Angelico, de Giotto et de quelques autres.
Alors c’est en toute logique, une logique où s’articule le corps même de la peinture, que sont nées ensuite les Elégies, de grands tableaux où se joint à un champ de nudité un soubassement où nous avons vu une prédelle, semblable à celles formées de tableautins racontant une histoire que l’on trouve dans les retables de haute époque. Les figures, le récit, le temps, et le pur chant de l’espace.
Avec la série concomitante des Terres d’ombre, la ligne de partage n’est plus entre l’espace et les figures mais entre le ciel et la terre, tout simplement, si l’on peut dire, puisque de leur séparation ne naît rien de moins que le monde. Et le paysage, à partir de ce qui nous vient du plus loin, l’horizon. La ligne d’ombre que dessine celui-ci est rétablie dans ses prestiges essentiels : elle unit cela même qu’elle sépare. A travers un chemin de lueurs que les paysagistes hollandais du dix-septième siècle surent redécouvrir, avec la présence que la justesse infinie des intensités fait se lever dans la pénombre, ainsi qu’elle apparaissait sous le pied de l’ange de l’Annonciation de Vinci conservée aux Offices à Florence.
Jean Planche, in: Sous le ciel du figuier, Fondation Carzou, ed. Transbordeurs, 2008
ŒUVRES DE Marie-Noëlle GONTHIER