Principales expositions :
2022 Musée de Szentendre, Hongrie; Galerie Kisterem, Budapest, Hongrie
Galerie Mirabilia, avec Olivier Giroud, sculpteur, Lagorce (Ardèche)
2020 Femmes années 50, Musée Soulages, Rodez
2019 Galerie Marie Hélène de la Forest Divonne, Paris; Musée de Bernay (Eure)
2018 C.A.P, Les Voûtes du port, Royan; Musée d'art, histoire et archéologie, Evreux;
Musée Quesnel-Morinière, Coutances (Manche)
2017 Abbaye d'Aubazine, avec Olivier Giroud, sculpteur, (Corrèze)
2016 C.A.P., Les Voûtes du port, Royan; Galerie Plein-Jour, Douarnenez;
Domaine du Tournefou, Pâlis (Aude)
2015 Galerie Marie Hélène de la Forest Divonne, Paris;
Musée des Beaux arts, Meudon; Espace Despalles, Paris
2014 Galerie Art Espace 83- Brigitte Ruffin, La Rochelle
2013 Art Paris / présentation de la Galerie Vieille du Temple;
Galerie Vieille du Temple, Paris; Galerie Vidal-Saint Phalle, Paris;
Galerie Mirabilia
2011 Galerie Mirabilia, Lagorce (Ardèche)
2010 Galerie Vieille du Temple, Paris ; Galerie Clasing, Münster, Allemagne.
2008
Galerie Vieille du Temple, Paris ; Galerie Clasing, Münster, Allemagne.
2007
Château de Ratilly, Treigny (Yonne); Centre Culturel "L’Espal", Le Mans.
2006
Galerie Annie Lagier, L’Isle-sur-la-Sorgue ; Centre d’Arts Plastiques, Royan.
2005
Galerie Le Garage, Lorgues (Var) : Exposition hors les murs de l’Hôtel des Arts
de Toulon.
2004
Institut Français, Budapest. Musée de Kiscell - Pinacothèque de Budapest ;
Art Paris - Galerie Sabine Puget
2003
Galerie Clasing, Münster, Allemagne ; Hôtel des Arts, Centre Méditerranéen d’Art,
(avec Lucien Hervé), Toulon.
2001
Musée d’Art moderne et d’Art contemporain, Cabinet des Estampes, Liège ;
Galleri Embla, Tromsø, Norvège ;
2001 "Trois temps…" (avec Estrada et Anne Moreau), Galerie Sabine Puget, Paris.
2000
"L’art dans les chapelles", Chapelle Saint Samson, Pluméliau (Morbihan) ;
2000 Galerie Annie Lagier, L’Isle-sur-la-Sorgue ; Galerie Clasing, Münster, Allemagne.
1998
Galerie Biren, Paris.
1997
SAGA, (Galerie Clivages avec Tal-Coat), Espace Branly, Paris
1995
Galerie Clivages, Paris
1992
Galerie Clivages, Paris
1991
SAGA , Grand Palais (Galerie Clivages avec Janos Ber), Paris.
1990
Galerie Pierre Lescot, Paris ; Musée Vasarely, Budapest.
Nombreuses expositions de groupe.
Œuvres en collections publiques :
Musées :
Hôtel des Arts, Toulon;
Musée d'Art, d'Histoire et d'Archéologie, Evreux
Musée de Kiscell, Budapest;
Szépművészeti Múzeum (Musée des Beaux-Arts), Budapest;
Sprengel-Museum, Hanovre;
Musée Xantus János, Győr, Hongrie;
Nemzeti Galéria (Galerie Nationale), Budapest;
Centre Georges Pompidou, Paris.
Bibliothèques :
Nemzeti Galéria (Galerie Nationale), Budapest ;
Bayerische Staatsbibliothek (Bibliothèque Nationale de Bavière), Munich; Herzog-August-Bibliothek, Wolfenbüttel;
Bibliothèque Nationale de France, Paris.
Collections :
Centre d’Arts Plastiques, Royan ;
Le Ring, Artothèque, Nantes;
Société libre d’émulation, Liège;
Cabinet des Estampes et des Dessins de la Ville de Liège;
Fondation Springhornhof, Neuenkirchen ;
Acquisitions de la Ville de Paris;
Ministère des Affaires Culturelles de Basse-Saxe, Hanovre ;
Fonds National d’Art Contemporain, Paris.
Anna MARK
Le lieu retrouvé
Jean Planche, février 2022
« Des chasseurs, des pêcheurs qui peuplent les souterrains d’Egypte, des marivaudages de Pompéi, des fresques de Pise et de Sienne, des mythologies de Véronèse et de Rubens, un témoignage monte, un esprit se dégage, partout le même, et qui est la mémoire objectivée, la mémoire peinte de l’homme objectivé dans ce qu’il voit. (…)
Nous sommes le même homme.
(Cézanne, Conversations avec Gasquet)
Avant de se faire peintre, Anna Mark songeait à être archéologue. Ses constructions en peinture en restent comme creusées par la recherche d’un temps et d’un lieu perdus et retrouvés.
Ainsi elle composa ce qu’elle appela des Reliefs, pour lesquels elle dégagea en bas-relief dans une matière faite de poudre de marbre, de sable, de résine et d’oxydes, au couteau ou à l’aide d’une petite truelle, des architectures dessinées par l’ombre et la lumière sur une surface savamment grainée, accueillante à la lumière, au temps et à son passage. « En regardant le relief, je sais l’heure. » (Les écritures de l’Egypte ancienne étaient creusées à des profondeurs différentes pour que la lumière solaire leur accorde plus ou moins de densité.) A la vue de ces Reliefs, on pourra penser à des relevés de ruines monumentales, mais aussi à un Téménos, ce lieu que les Grecs anciens découpaient dans l’espace pour y inscrire un temple, ou encore aux « briques de fondation » que les Mésopotamiens enfouissaient à la base de leurs édifices pour garder mémoire de leur construction et afin que l’on y trouve matière à les faire ressurgir.
Par les moyens qu’elle se donne ensuite, le dessin, l’aquatinte, la gouache, Anna Mark ne cherchera pas la rupture de la nouveauté amnésique mais bien une sorte de tradition de l’originel. (Dont nous voyons un témoignage dans les outils anciens qu’elle garde auprès d’elle comme une présence, ou ce rouleau d’Ethiopie.) Ce qu’elle construit n’obéit pas à des impératifs pratiques de réalisation, on n’a pas affaire à des plans, fussent-ils utopiques, comme le furent en Russie au siècle dernier ceux d’un Tatline, mais à une manière d’habiter l’espace comme on respire, évitant par la grâce d’une proximité de s’enferrer dans les impasses d’un prétendu absolu. Les travaux d’Anna Mark participent de la quête de lumière d’un Mondrian, mais ils n’abandonnent pas la voie des formes, et s’inscrivent par là dans la recherche d’un lieu et d’un temps perdus et retrouvés. Ils nous placent, par le vide où sont suspendues les figures, sous l’aile légère d’un beau qui demeure pourtant ce « premier degré du terrible » dont parle Rilke.
(La Hollande où naquit Mondrian était le pays de ces merveilleuses églises vides du protestantisme peintes par Saenredam, avec leurs murs et leurs voûtes à nu, auxquelles me firent songer celle où fut exposée Anna Mark en Hongrie, et les abbayes cisterciennes. La Russie était la terre de l’icône, fondée paradoxalement par l’iconoclasme du christianisme oriental, son refus de l’image.)
En traçant, dans un premier temps, un chemin parmi des teintes de terre et de pierre, dans les découpes du noir ou les nervures de l’encre, Anna Mark a débouché sur une clairière de couleur. Tout le vocabulaire de formes agissantes élaboré au fil des ouvrages : lamelles, rubans repliés, fils de haubans, stries, échancrures et ajours, a participé à une mise en jeu prenante, en l’articulant.
La fusion des plans (Cézanne : « le lieu coloré où l’âme des plans fusionne ») déjà présente dans les Reliefs s’est incarnée en tout sens : mur ou sol, haut et bas, agrégat et expansion sont rendus indécidables, ces contraires ne se résolvant qu’en une échelle d’intensité des présences, selon l’entrelacs palpitant du proche et du lointain.
Le blanc sérigraphié qui recouvre le papier vient transparaître sous le noir ou le rouge comme l’enduit sous les pigments d’une fresque. Cette blancheur, de même que sa lumière fait affleurer le souvenir, nourrit un vide agissant qui donne chance à la surface de s’ouvrir à une présence nue, un souffle qui nous enlève au fil des jours.
Mais c’est d’un rouge qui chez Vermeer s’impose de manière saisissante (qu’il soit celui du chapeau d’une Jeune Fille ou appartienne au fil de la Dentellière) qu’il nous semble retrouver la présence intensément émouvante à travers une série qui fit irruption dans le parcours d’Anna Mark il n’y a guère : les blocs qu’elle y pose dans un air vif et raréfié sont pierres vives nuancées et nourries de partitions et d’espacements qui assombrissent ou éclairent la composition, la condensent en idoles ou la répandent en constellations.
Rilke évoque dans une lettre une gouache sur carton de Picasso datée de 1905, « La Mort d’Arlequin », peinte avec une extrême parcimonie, en couche mince, avec cependant un endroit où la couleur recouvre parfaitement le fond, « à la fois dense et légère », losanges noir, rouge, bleu et jaune, couleurs qui, dit Rilke, donnent l’impression d’être réunies « pour la transfiguration de Pierrot, pour sa félicité éternelle ».
Pourtant, il serait sans doute plus sûr de chercher un tel viatique chez Vermeer, du côté du célèbre « petit pan de mur jaune » évoqué par Proust. D’autant que l’on peut voir sur une étagère, chez Anna Mark, une petite reproduction de la « Vue de Delft », dont les pans de murs et de toits partagés entre lumière révélatrice et pénombre enveloppante sont suspendus entre les eaux d’en bas et celles du ciel. Un peu à la manière des barques, déjà apparues dans ses « Maritimes », qui passent dans de récentes peintures d’Anna, gris de Payne.
Équilibres
Les gouaches
"Méditées et strictes, ces oeuvres articulent le vocabulaire des vides et des pleins, le langage des séparations et des liens qui règlent notre vaste monde: un peu d'observation nous montre assez vite qu'un tel équilibre d'ensemble n'est pas préétabli et qu'il ne s'obtient pas de façon uniforme. Que d'apparents "dérapages"! Contrastes par exemple, d'un jaune et d'un noir à bonne distance l'un de l'autre mais aussi bord à bord. Un carré gris lumineux semble fuir vers le fonds tandis qu'un carré presque semblable vient vers nous... Que de fausses symétries par le trait ou la couleur, que de "compensations" dans l'espace!"
In: Anna Mark, les lieux et le temps, Jean Pascal Léger, Ed. Pauker, 2021
"Dans les gouaches comme dans les reliefs, le cadrage de la géométrie peut nous proposer une forme frontale et centrée ; ou bien des écarts dans le plan, des décalages et donc de plus en plus souvent, des formes séparées. Le vide est non seulement « préservé », comme le dit Anna Mark, il peut devenir lui-même un centre comme dans ces jeux d’optique et ces mosaïques où l’alternance du clair et du sombre fait que le spectateur voit un sujet, un objet l’instant d’après, le temps d’un battement de paupières."
Jean-Pascal Léger, in : Anna Mark. Les lieux et le temps.- Galerie Sabine Puget, 2004